Le 19 Août plus tard

                                            Comme des étoiles filantes filant à l’envers, comme une lune qui se renverse en arrière, comme le bouton de rembobinage d’un vieux magnétoscope, Mamzelle Kim elle voit son avenir dans ses souvenirs. Sans passé elle n’a pas d’avenir. On ne conjuguerait rien au passé si le futur n’existait pas. Alors elle se souvient Kim. Elle a planté des sourires, des grimaces, des regards, elle les a arrosés des instants passés, elle a semé de l’engrais de bruits familiers. Elle est fière, c’est un royaume de son souvenir qu’elle a dans son jardin. Il suffit de le parcourir pour imaginer l’avenir… Les mauvaises herbes éliminées, la font toujours plus avancer. Mamzelle Kim elle voit l’avenir dans ses souvenirs. Ses souvenirs avec Elle, Eux, Lui… Elle sait qu’ils ne feront pas tous son futur, mais y a une grande contribution…

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                                                                                                                           Le 19 Août 2005

                                                 Il a dit qu’il en avait marre. Il a avoué qu’il se lassait. Il lui a demandé une dernière fois si elle ne voulait pas parler, lui dire, lui raconter, tout ça, tout elle. Dans un dernier espoir, qu’elle a fait échoué, il s’est envolé. Il a dit qu’elle ne pouvait pas continuer à se taire, qu’il ne pouvait pas vivre dans l’attente d’une parole qui ne viendrait pas. Et puis il a ponctué de ces mots qui font mal : « Tu les perdras tous Kim. Eux aussi ils se lasseront. » Elle les perdra. Eux. Eux qu’elle aime d’un amour particulier, un amour d’étoiles, de lunes et de planètes, de nuage et de nuit. Eux qu’elle aime en harmonie, en symbiose, eux qu’elle aime en trop plein. Eux qu’elle boit, eux qu’elle assoiffe ! Eux qui font son ivresse… C’est tout ça. Tout ça et plus encore qu’elle perdra. Non. Non c’est impossible. Déjà son âme crie, son âme qui voudrait s’extirper de sa cloison silencieuse, qui voudrait courir, courir les rattraper, eux, et le temps perdu, et puis tout dire, tout confier, tout raconter. Mais pas d’issue de secours qui ne soit pas bloquée par son armée…

                                                     Mais non, ils peuvent pas s’en aller. Pas Eux. Pas le droit. Non ils le feront pas, ils l’abandonneront pas, ils la laisseront pas. Et pourtant, bizarrement, un à un, ils font tous leurs valises, la remplisse de ces souvenirs, de ces paroles, de ce monde, d’elle, et s’en vont… Valise à la main, le monde en poche… Ils prennent l’autre route, celle qui mène aux adieux…

                                                    Il suffirait à la princesse de nettoyer ses cordes vocales, de libérer la voie aux tonalités, de scier les barreaux de sa gorge… Mais elle sait plus comment on fait… Alors elle fait tout le contraire, renforce les barreaux, se barricade entièrement, et puis, elle entasse des tas et tas de propos insignifiants dans ses cordes vocales, laissant au fin fond tout le vrai. La princesse au lieu de parler, elle se renferme.

                                                      Mais elle a besoin d’Eux, elle est bien trop solitaire d’âme la dame, alors reprenez place dans son cœur, bousculez vous, mettez la sans dessus dessous !

Le 18 Août 2005

                                            Elle lui manque. Comme chaque soir. Comme chaque nuit. Mamzelle Kim verse une larme pour elle, une seule qui porte tout le chagrin dans ses bagages… Elle souffle sur sa larme, pour que celle-ci s’envole vers l’être aimée… Mais à croire que la goutte ne parvient jamais à son destinataire… Et ce serait pourtant si simple... Mais non. Paraît qu’il faut pas. Alors le facteur de tristesse et de larmes il est en grève. Ce serait pourtant si simple…

                                            Tellement de choses à raconter, et de bonheur à rattraper… Mais elle est pas revenue. Alors le rattrapage c’est pour plus tard.

                                             Mamzelle Kim elle savait pas, elle pensait pas, elle imaginait pas, ne croyait pas que l’on pouvait aimer comme ça… Et puis surtout elle pensait qu’Elle partirait et que ça ferait mal comme ça. Personne ne sait. Parce que personne ne comprendrait. Parce que deux filles qui s’aiment comme ça on comprend pas. Parce que c’est différent. Cet amour là personne ne l’a connu… Pas de la même manière…

                                             Mais c’est fini. Pourquoi ? ça fait deux mois qu’elle s’interroge, deux mois qu’elle comprend pas. L’une a fini par oublier et l’autre… L’autre a juste finit par se rendre compte.

                                             Mamzelle Kim c’est cette autre. Cette autre qui s’est faite avoir… ? Non parce que même si c’est vraiment la fin, le début elle le regrette pas. Surtout pas. Si c’était à refaire ? Sans hésiter. Plus le début que la fin… Mais il paraît qu’on ne sépare pas le crime de son châtiment. Mais la fin on ne la connaît pas, il n’y a de fin qu’à ce qui est certain, or, dans cette histoire, mis à part l’amour porté et partagé, il n’y a rien de bien certain…

                                              Et puis Lui a dit qu’elle reviendrait… Quand ? On sait pas, mais tant pis, on attendra. Lui c’est quelqu’un de bien. Et Mamzelle Kim elle est bien heureuse de l’avoir trouvé.

                                                Mais Kim même si elle a trouvé le prince, il lui manque toujours sa princesse…

Le 7 Août 2005

                                    Elle en peut plus. Elle craque. Mamzelle Kim elle a des côtés humains qui resurgissent de temps à autre… Alors le rouleau qu’elle croyait infini, elle commence à en voir le bout. Elle a recommencé.Ou peut être qu’elle n’avait simplement jamais terminé. Alors, encore, elle ne dort plus, se rend dingue, elle réapprend à voir « les autres », celui qui cherche à nuir, à lé détruire. Ce soir il l’a rendue plus folle que tous les autres soirs, ce soir plus que tous les autres soirs, ses mains ont « glissé » sur les murs. Elle écrit tout maintenant parce qu’elle sait que demain déjà elle jouera l’amnésique inconsciente… Justement c’est ce silence qui la met en miettes, qui la brûle à feu doux. Mais maintenant… Maintenant qu’elle est rentrée dans l’abîme insonore, pas moyen d’en sortir. Elle voudrait crier, hurler, ces mots qu’elle connaît sans connaître… Elle voudrait avoir des cordes vocales à la place d’un stylo, ou les deux, pour pouvoir tout conter en deux dimensions… Mais paraît qu’on a pas toujours ce qu’on veut…

                                      Petite princesse ce soir ne se sent plus princesse de rien. Elle s’est agrippée. Elle voulait pas tomber. Elle revoyait tout ça, revoyait la falaise comme dans ce cauchemar, et elle courait, à vive allure, et puis elle est tombée. Elle s’est accrochée, s’aggripant à son lit comme elle s’accrochait au rocher… Et puis… Et puis plus rien. Elle connaît pas la fin. Elle connaît trop la falaise et la chute, mais la fin de l’histoire on prétend ne pas la savoir…

                                           Mamzelle Kim elle a pensé à Lui. Lui qui est là. Qui n’est pas là. Lui qui ne sait rien d’elle. Lui qui connaît tout d’Elle. Mais il faut l’oublier. Parce qu’il ne viendra pas. Elle s’en fiche… pas. Mais qu’importe, finalement il n’est pas mieux, pas différent d’un autre.

                                            Si.

Le 6 Août plus tard

                                  Mélange. On a pris son esprit et son monde, on les a secoués très fort. A gauche, à droite, à l’envers, à l’endroit, on a exagéré le bazar. Le cœur et l’esprit confondus, ça donne dans la joie et dans la tristesse, dans la sobriété et dans l’ivresse… On devrait pas avoir le droit de faire comme ça. Du coup elle sait plu, elle a jamais su mais au moins elle croyait savoir… Trop questions, de remises en question. Y a l’esprit qui bat la chamade. L’esprit dans l’cœur, le cœur dans l’âme… On dira que c’est l’âge. Balivernes. L’âge ingrat n’est pas la raison à tout. Le bazar là dedans c’est pas l’adolescence, c’ets là depuis longtemps… Là dedans ça doit ressembler à unchamp de bataille… a la seule différence c’est que la bataille perdure… Mal à la tête. Un grand bol de café. Ou de simplicité…