Le 18 Septembre 2005

                         Pourquoi ils devinent pas eux , pourquoi ne voient-ils pas tout ça ? Pourquoi dans son cerveau il n’y a aucune commande à son tableau de bord qui indique « avance rapide » ? Pourquoi l’envie de vivre ne crève pas en même temps que le reste ? Pourquoi elle hurles sans crier gare lorsque ce sont des larmes qui la composent ? Et pourquoi elle écrit sa vie au lieu de la vivre… Le futur de Mamzelle Kim fait parti du passé. Son existence se résume à présent à des flacons sans étiquettes, des gélules magiques pour fermer les yeux sur le monde, des vitamines pour sauter, danser comme auparavant. On peut lire sa folie sur ses mains, non pas dans ses yeux (?). Et pourquoi se laisser achever avec une telle rage de vivre…

                        Le mot « pourquoi » n’est pas toujours suivi de « parce que ».

                        Peut-être qu’ils ont raison. Finalement elle le sait. Finalement Kim elle l’a toujours su. Ce ne sont peut être pas eux qui sont partis. Ce ne sont pas eux qui l’ont abandonnée. Pas eux non plus qui l’ont laissé pleurer. Et ce n’était peut être pas à eux de deviner… Possible que ce soit de sa faute. Qu’à trop user de ses flacons, elle s’est enfermée dans l’un d’eux. Que sa solitude ne vienne que d’elle. Qu’à croire en sa folie, elle a sombré dedans.

:::PiX::: Carl :)

                                                                                                       Le 17 Septembre 2005

                         Longtemps. Trop. Ou pas assez. Trop tôt ? Trop tard ? On s’en fiche bien puisqu’il faut un temps pour tout. Comme une pause. Comme retrouver un souvenir oublié. Et découvrir qu’il n’a pas changé. Comme se quitter pour mieux se réconcilier… La suite… La suite on verra bien. Carpe diem qu’ils disaient.

Le 27 Août 2005

                                               Elle se noie. Elle a oublié comment on fait, elle se souvient plus comment est-ce qu’il faut faire ou bouger pour nager. Mamzelle Kim a perdu ses ailes et ses nageoires. Toute seule. Elle a brisé ses nageoires, elle a brisé ses ailes. Alors oui, elle a plongé, seule coupable à ce crime, seule responsable de sa chute, seule suspecte et seule criminelle, si tant est que ce fut un crime… ( ?)

                                               Kim elle agit, n’accable qu’elle, s’accable et s’inflige elle-même un tas de châtiments… Maîtresse d’elle-même et seule juge de ses actes… Non. Non elle ne maîtrise plus rien justement. Self-contrôle en perdition, confusion entre conscience et inconscience, chute libre… Mamzelle Kim se sent comme droguée, mêmes symptômes, mêmes résultats… A la différence que la petite princesse ne connaît pas sa dépendance, n’en connaît pas plus les limites… Et puis dépendante de quoi ? Droguée à quoi ? A l’angoisse ? A la peur ? A l’autre qui l’habite ? Ou à tout en même temps…

                                                 Quoi qu’il en soit le résultat est là, se heurte à elle, comme pour lui susurrer de ne pas oublier… Il y a cet autre en elle. Elle n’est pas seule dedans. Mais bien seule à se battre. Il y a cette voix qui vient lui murmurer à l’oreille :

                                                  « Si tu veux être une princesse, tu te dois de t’affamer, mange le moins possible et tu n’en sortiras que plus forte… Il paraît qu’il faut souffrir pour être belle, tu vois bien, ce n’est pas si faux… Alors souffres, SOUFFRES ! Laisse-moi faire de toi une véritable princesse… Quoi ? Je t’ai coupé les ailes ? Non, je n’ai fait que revigorer tes plumes, le reste est de ta faute… Tu as faim ? C’est bon signe, tu es sur la  bonne voie… Pourquoi tu trembles ? Mais parce que tu es en manque ! Ça passera… Je deviendrai ta drogue, ta dépendance, regardes, je te propose de t’accrocher à moi ! Laisse moi t’envahir, je te rendrai plus forte ! Réunies nous ne ferons qu’une… Alors laisse-moi faire, fais moi confiance… Laisse moi te mener au bord de la falaise, celle qui t’effraye… Si je te pousse ? Mais ce sera pour ton bien ! Laisse-moi faire rayonner d’immenses sanglots… Grâce à moi tu ne sera jamais desséchée ! Je ferai tout pour que JAMAIS tes larmes ne cessent de couler ! Je serai ton eau, ton rivage, ton courant, tu sera ma cascade, ma chute… Laisse moi guider ta conscience et faire de toi mon inconsciente… cela se rapproche de l’innocence, celle que tu rêvais de retrouver… Toi qui voulait demeurer une enfant, je ferai de toi cette enfante… Laisse moi guider tes mains contre le mur, laisse-moi écouler de ton sang… Ce n’est qu’un liquide encombrant, je t’en débarrasserai, ne t’embarrasses pas de rouge qui fait ta faiblesse… Laisse moi guider tes dents sur tes bras, sur ton corps… Laisse moi pousser le vice en toi ! Laisse moi m’emparer de ta personne ! » 

                                                 Non ! Non elle veut pas Mamzelle Kim, il a déjà trop parcouru de chemin…. Elle voudrait l’arrêter. Il ne détruira ni rêves ni espoirs, n’éteindra ni lune ni étoile, n’effacera ni rayures, ni arc-en-ciel… Ce pêcheur de planètes ne la verra pas à son hameçon !

                                                                                                                           Le 23 Août 2005

                                            Elle est là. Elle voudrait dire, décrire, mais elle n’arrive même pas à écrire. C’est allé trop loin. Cette peur, ces angoisses, ce café, ce malaise, Elle, Lui, Eux… Comme si tout ne se transformait plus en sourire ni étoile mais en angoisse permanente…

                                            Alors toute la journée elle tremble, respire fort, très fort, avec effort…

                                            Rongée, ravagée, envahie. Et plus encore. Mamzelle Kim se sent trop inlassablement existante, lassablement inexistante. Possédée, dépossédée. Consciente, inconsciente… Incomprise. Oui, c’est tout ça, tout ça mais pas seulement.

                                            L’histoire d’une petite fille qui a peur, une peur anormale, une peur sans limites, une peur incontrôlée. Mamzelle Kim elle a perdu le contrôle. De sa vie, de son esprit…

                                             Tout se consume, de la plus infime particule à son grand estomac. Kim elle tremble, fait peur à voir, princesse camée de l’ivresse incontrôlée, elle a des cernes, elle est absente… Elle voudrait s’absenter dans les nuages dans son royaume, dans ses rêves de planètes, de voie lactée, dans ses champs d’arc-en-ciel, dans ses chants de couleurs… Mais elle est absente dans sa peur.

                                                                                                                           Le 22 Août 2005

                                             Elle rentre d’une nuit blanche avec Eux. Encore des rires, fous rires, sourire, à rajouter au potager. Encore des souvenirs de plus à entretenir. Encore beaucoup d’instants à ne pas oublier… Elle aime les nuits blanches. Même si là sans café, un peu dur de résister… Mais la nuit vaut bien plus que le jour, la lune bien plus que le soleil. Paraît que les artistes vivent la nuit… Alors à l’heure tardive qu’on ne regarde plus, lorsque le ciel est d’un noir scintillant, le monde éveillé se proclame artiste… Parce que la créativité ne vient pas en ronflant, parce qu’à observer les étoiles ça donne la suite dans les idées, parce que veiller ensemble est propre à une intense réflexion. Kim elle aime les écouter parler, parler pour rester éveillés, parler pour échanger, parler pour partager… Mamzelle Kim elle aime ces silhouettes qui ne sont plus que des ombres fines noires comme le ciel, les étoiles dans le ciel comme dans les yeux. En les regardant glisser, gesticuler, se déplacer, ces ombres deviennent siennes, la princesse devient reine. L’ombre est toute notre grâce, agile, celle-ci s’exhibe à la nuit, s’effaçant aux lueurs des uns des autres… Synonymes d’impuissance, de puissance, de conscience, d’inconscience…

                                              Assis, allongés, à crier, à murmurer, les uns, les autres, s’appartenant, consciemment, inconsciemment… Tous libres, on se croyait maîtres du monde, on croyait plus que tout à nos rêves… Ce sentiment d’être unis, cette sensation d’éternité, le monde était à eux et ils y croyaient dur comme fer… On rit, on sourit, on se comprend sans trop comprendre… On est immortels, insoumis. Libres. Tellement libres… Ensemble les uns, les autres, son cœur dans l’un, son âme dans l’autre… Il ne pouvait rien arriver… Ils étaient éternels sous la lueur d’une étoile qui était leur.