Le 9 Juillet 2005
Premier café. Premier plongeon. Dans ce liquide brunâtre à l’odeur trop de fois inhalée. Encore une fois elle va s’immerger de cette drogue qui lui donne à présent à vomir. Mais à ingurgiter ce « remède au sommeil », cette potion magique, tous les matins, puis aussi les après-midi, s’en est suivi la caféine du soir pour éviter le plus possible ce risque imminent qu’est dormir. Alors c’est là qu’elle en est… Café toute la journée… Dans les seuls buts de se remplir le ventre, de ne pas s’endormir. Et remédier au manque. Prendre sa dose quoi. Pour ne pas tomber.
Mamzelle Kim : Junkie soumise au royaume de la caféine. Ou bien… Princesse caféinomane. Prenez le comme vous l’entendez…
Pathétique, n’est-ce pas ? Elle en est consciente. Elle qui n’a jamais voulu être dépendante d’autre chose que de rêves, d’étoiles ou d’espoirs, la voilà singulièrement « accro » à ce besoin obsessionnel de combler ce manque. Si le ridicule eût tué, elle aurait fait parti de l’hécatombe…
Le pis à venir est peut-être venu : le quotidien. Mamzelle Kim avait fait de cette vie de prêtresse du besoin son quotidien. Elle avait enfermé tout cela dans l’habitude.
C’est peut-être le plus moche à voir. Ou bien c’est cet état de transe. Kim elle tremble. Il fait 35° à l’ombre. Et elle a froid. C’est le plus dur à justifier. Comment voulez-vous expliquer à quelqu’un que si l’on tremble c’est juste parce qu’on a froid lorsque toute la population fond autour de vous ! Alors ils ont du mal à la croire. Mais ils se sont habitués… A force son silence s’est fait entendre. On sait qu’elle ne dira rien alors on a abandonné. Et on essaye de croire qu’elle a juste froid…
La lassitude l’a gagnée. Ses journées ne sont que de pâles copies de la veille… mais elle a la flemme de changer. Lire. Dix livres en une semaine. Pour se plonger chaque fois dans un monde différent. Ecrire. De plus en plus. Elle commence sans savoir de quoi parler aujourd’hui, et puis, les mots viennent à elle, ils affluent. Danser. Toujours de nouvelles choses à exprimer dans ces mouvements symboles de liberté. Chaque jours de nouveaux pas à exprimer. Et boire ces cafés. A l’occasion effectuer un pèlerinage jusqu’à la boite à musique et s’imposer l’immersion totale dans Mano Solo ou Le peuple de l’herbe. C’est tout ça » ses journées. Avec un ou deux bidiz’ parfois.
Et elle a faim… faim d’autre chose. Faim d’autrefois. « Mange » qu’ils disaient… Au sens propre comme au figuré.
Mais elle ne veut pas se nourrir de ce trop plein d’aliments. Elle veut se nourrir d’autre chose. Et l’autre qui crie famine… Elle espère le tromper en se livrant à des séances de potomanie, qui s’avèrent plutôt fructueuses. Ne rien avaler de la journée, mis à part l’eau et la caféine, est chaque fois un trophée supplémentaire. Elle sait que lorsque l’on verrait affichait « complet » l’étagère des trophées, ce serait les murs blancs. L’hôpital comme ils disent… mais ça c’est la suite, la suite on verra.
Le comble dans tout ça c’est son envie de vivre. Après de telles paroles emplies de lassitude intense, tout laisserait à penser que Mamzelle Kim, la fureur de vivre c’est pas trop ça… Ben si. Détrompez-vous. A chaque levé de soleil cette envie s’accroisse. Elle veut vivre toujours plus. Seulement, pour l’instant elle est juste un peu fatiguée… C’est tout. Mais elle refuse catégoriquement de partir. Quitter tout ça ne fait pas parti de ses projets futurs.
Mais elle le sait, pour vivre il faut se battre…