Le 29 Mai 2005
Vide. Peur du vide. Combler le blanc. Pour se sentir rassurée. A nouveau. Oui, la peur du vide. Sûrement. C’est pour ça. Pas que pour ça. Mais un peu peut-être. Sûrement. Mais elle allait leur dire à eux ? Vous la voyez leur dire à eux, leur décrere sa peur, cette angoisse permanente dans laquelle elle vit ?
Non elle ne leur dira pas ? Rien. De toutes façons, elle les avait réglées sur « off » ses cordes vocales. Ils s’y étaient trop accrochés à ces cordes. Alors ne plus parler. Hein maman. Ne plus parler. Pendant un moment. Et peut-être qu’elle oublierait ? Oublier comment on fait pour parler. Ne plus savoir si l’on est capables d’entretenir une conversation. Et puis si. Parce que communiquer… communiquer c’est pas parler.
Quand elle n’aura plus peur des mots, elle leur dira. Elle leur contera l’envie de vivre d’une princesse !
Mais les mots, les mots ils viennent pas. La princesse elle est là, elle attend, de pouvoir raconter. Mais les mots, ils sont coincés dans l’estomac. Ils le bouchent. C’est pour ça le mal de ventre tu crois papa ? C’est pour ça qu’elle ne mange pas ? Mais elle ne peut pas leur dire. Ils ne comprendraient pas… tous ces mots, toutes ces paroles, digérées plus ou moins biens, avalées, ingurgitées, comme ce plat dont elle ne veut pas, mais qu’elle se force à avaler pour faire plaisir à papa. Cette envie de vomir, toujours. Mais rien ne sort. Ce n’est pas « prêt ». A lors le festin intestinal perdure. Continuer à avaler. Sans apprécier. Sans les recracher. Des lettres empilées, des syllabes vagabondes, des phrases à semi existantes. Et puis manquer de s’étouffer quand l’une d’elle ne passe pas. Mais cesser toute résistance et faire glisser dans l’oesophage celle parole pas très bien passée. Mais ne rien recracher. Se taire. Se taire encore. Une princesse ça parle pas hein maman ?