Le 14 Mai 2005
Soif. Mamzelle Kim a soif. Soif d’elle-même, soif des autres. Peur d’elle-même, peur des autres. Elle aimerait, là tout de suite, un grand verre de pluie d’étoiles. Oui, voilà. Elle le porterait à ses lèvres, le ferai glisser, humerait ce contenu fantasmatique ! Et puis elle le boirait. Des petites gorgées d’abord, puis des grandes, des très grandes qui prennent beaucoup de place, qui comblent le vide. A l’intérieur se formerait, à la place de cet estomac trop encombrant, du vent d’étoiles. Il soufflerait sur elle, en elle, et son corps, son cœur, son âme et son esprit s’envoleraient !
Le 16 Mai 2005
Encore cette fois. Elle les a entendues. Elles étaient là. Juste prés d’elle. Elles la guettent. Kim elle les entends, elles et leurs murmures. Elle leur a dit de partir ! Mais rien n’y a fait. Et encore cette fois, encore une fois, elles ont tout saccagé… Elles on fichu une de ces pagailles là-dedans… Comme chaque fois… Et le rangement ça lui prend du temps, tellement de temps à Mamzelle Kim … Elle a mal. Mal. Dedans. Une tempête qu’elles lui ont collé là-dedans. Elle aimerait bien que ça s’arrête ! Mais il faut croire que cette idée ne plaît pas à tout le monde… Alors elle fait avec. Sans pour autant en prendre l’habitude.
Mamzelle Kim va aller respirer. E, espérant qu’elle n’a pas oublié. Pas oublié comment on fait. Comment on fait pour respirer. De l’air. Ce soir ce n’est pas de l’air. Perchée sur sa fenêtre, sa fenêtre sur le monde, la musique au rythme de ce qu’il lui reste de cœur. Au rythme effréné de sa respiration. Mais ce n’est pas de l’air ! Ce sont des sanglots qu’elle inspire ! Sans jamais les expirer. Ses poumons les gardent en stock ces sanglots ! Des sanglots sans début ni fin. Juste ça. Juste des sanglots de vie peut-être.
Elle aurait aimé leur hurler de disparaître, de ne plus venir empiéter sur son chemin ! Mais elles avaient investi ce territoire. Et puis, elles avaient arraché ses cordes vocales. Elles avaient ligoté son cœur avec !
Et ce cœur criait. Criait avec ces cordes vocales, ces cordes autour de lui. Mais c’était sans appel. Parce qu’aucun son ne sortait de sa bouche. Mamzelle Kim était en pleine recherche. Elle cherchait le tout. Le rien. Le soi. Quand tout serait passé, elle se mettrait en quête de matériel pour les remettre en place, ces cordes. Après. Quand tout serait fini. Quand l’ordre et le ménage auraient eu lieu dedans. Mais quand… ?