Le 12 Mai 2005
En cours de maths les larmes avaient coulé. Elle voulait les cacher. Mais il les avait vues. Alors quand il lui avait demandé la cause, la sonnerie avait retentie et elle était partie, en courant, en essuyant la pluie, toute seule. Pour remettre ces gouttes à leur place. Elle ne savait pas trop s’ils étaient du même monde. Peut-être qu’elle ne préférait pas savoir. Lui se confiait. Comme ça. Elle l’écoutait. Elle ne se plaignait pas. Elle aimait l’écouter. Peut-être que lui aussi aurait aimé l’entendre, mais elle ne parlait pas. Elle avait compris, appris, puis mis en place. Elle avait appris à se taire. Pour elle et pour les autres. Un jour on lui avait tant reproché ce manque de mots qu’on l’avait confondu avec un manque de confiance. Alors elle avait tout raconté. Et puis rongée de regrets pendant tellement longtemps, elle n’avait plus jamais rien dit. De crainte que ces regrets ne surviennent à nouveau. Encore sur le papier, Kim hésite. Elle a honte.
Ce soir elle n’avait bu qu’un café. Mais comme chaque soir, le sommeil manquait à l’appel. Elle ferme un œil. Puis l’autre. Pour les rouvrir à nouveau. Et son ventre crie, hurle, gémit, mais il sent qu’elle ne l’écoute pas. Alors il grogne de plus belle.
Elle soupire. Et bim, elle se rend compte qu’elle a oublié de faire ses maths. Dans un élan de paraisse elle se dit que les maths iront trouvé leur solution ailleurs. Parce que bizarrement tout de suite la motivation c’est, comme qui dirait, « profond »…
Arf. Une banane. Elle veut une banane. Discrètement elle tente une attaque super silencieuse en direction du frigidaire… Mais dans sa lancée fantasmagorique elle a omisle fait que maman ne met pas les bananes au frigidaire… Et de toutes façons elle en a plus envie de cette banane. Non. Elle veut… Du sirop. Sirop de pomme d’amour. Celui qu’elle a goûté avec Renaud hier après-midi au « Café-café » ! Un goût de bonbon ! Chimique. Mais tant et tant de souvenirs… ! Ils viennent se heurter à elle à mesure qu’elle ingurgite le breuvage. En plus c’est joli les pommes d’amour ! On essaye de croquer. On se fait mal aux dents. Mais la douleur cède vite la place à la gourmandise. Et puis on y parvient, enfin, on croque. On croque à pleines dents. Et puis, la moitié avalée, du sucre, on en a plein les dents du sucre. Du rouge, on en a plein le visage du rouge. Ça colle. Mais c’est pas grave ! Et puis on regarde la pomme, on a assez de sucre dans les dents pour se nourrir une semaine entière. Mais arrive le plaisir de la dernière bouchée. Ou peut-être l’avant dernière. Mais on ne la finit jamais. On se demande toujours pourquoi ils n’en font pas des modèles réduits. Mais c’est tout le plaisir de se retrouver devant cette GROSSE boule rouge, grosse et luisante ! Il engage toujours des sourires ce soleil rouge. Des rayons de soleil couleur coquelicot qui se transforment en sourire lorsque l’on aperçoit sur la bouche du copain, le barbouillage total de la figure. Et se dire qu’on a la même ! Alors oui le sirop de pomme d’amour il est rose fluo, il est surnaturel, il est chimique, mais il est à la pomme d’amour.
Mamzelle Kim a une envie irrésistible et subite de se décorer de lunes. Des lunes tout plein la tête, dedans, dessus, partout ! Bon, allez, escapade à la salle de bain… Elle va revenir avec un visage « lunairement » artistique. Ça y est. Elle a dessiné plein de lunes. Dessus. Et dedans, elle en a mis pleins dedans aussi. Elle est belle. Belle, comme une princesse, comme avant.