Le 23 Octobre 2005
Ne plus savoir où mettre les pieds. Les mettre dans le plat, ne plus savoir regarder devant soi. Elle marchait lentement, elle avait la vie devant elle mais ne la voyait plus. Elle marchait en observant ses pieds, scrutant le sol, le ciel, à tour de rôle. Devant elle on avait placé un rideau, elle ne pouvait rien voir à travers ce brouillard, où l’on confondait étoiles et échecs. Pourquoi ? Regarder ses pieds toute la journée, et toute l’année, ça empêche d’avancer, Kim elle voudrait dissiper la brume qui l’escorte qui lui cache la vie, qui lui gâche la vue. Devant n’est plus qu’un amas de formes étranges et troubles. Mamzelle Kim aimerait avancer, connaître autre chose que le sol, mais le bordel de son esprit en a décidé autrement, trop de confusions dans sa bulle, un grand nuage l’encercle et l’envahit, un nuage qui n’est plus blanc mais gris, rempli de questions, d’interrogations, méli-mélo de sentiments qui croyaient être… Mamzelle Kim elle lève la tête mais n’aperçoit pas une lumière, pas une trace de réponse. Elle tourne Mamzelle Kim, elle tourne, mais c’est partout pareil, partout ni avant, ni arrière, le cercle brumeux, il n’y a rien à voir, juste ses pieds, et les rayures de ses lacets. Mamzelle Kim elle voudrait hurler, sortir de ce cercle de brume et de vice, mais elle tourne, et retourne, elle perd l’équilibre, se heurte, et se cogne contre les murs des sentiments, mais elle continue, tourbillonne, cherche une sortie, une échappatoire à ce vide trop plein. Mamzelle Kim elle emploie toute son énergie à tourner sur elle-même en espérant voir disparaître le voile, que celui-ci tombe à ses pieds pour qu’enfin elle ne puisse plus les regarder. Mamzelle Kim elle a le vertige, la tête qui tourne, l’esprit en spirale, le regard flou, le regard fou. Elle sent monter en elle ce qu’ils appellent « folie », délire psychédélique, tournis, et tourments en son être…
Trop de réflexion. Cervelle en suspension. Regarder devant soi… Pas si facile que ça. Mais à toujours regarder tes lacets, tu vas finir par t’étrangler avec ! A regarder toujours le ciel tu vas finir par oublier qu’il est un rêve !
L’esprit s’y perd, s’emmêle, s’enroule… « Where is my mind ? »