Le 20 Octobre 2005

                               Elle dépose ses habits, les ôtes, ses costumes couleur peur. Elle aimerait voir l’ombre de ses os mais elle ne voit que sa peau. Elle sort ses côtes, y passe ses doigts, comme sur un vieux piano, mal accordé, trop vieux pour sonner juste. Et son regard glisse sur sa grasse carcasse, insatisfaite, responsable de toute une vie. Mélange de regrets et de culpabilité. Le bruit intérieur prend beaucoup de place. Et puis elle rentre. Elle reste tremblante dans la cabine de douche, se lave au son de se pleurs, se rince à l’eau de ses larmes. Flots de gouttes, de frissons, princesse tremblante tatônne, allume le jet. Température à maximum, insuffisante à réchauffer son regard, à rallumer la lueur de ses yeux. Elle est de glace mais son âme fond, sa larme se confond parmi les autres gouttes. Le regard tournée vers le bas, le passé qui n’est pas. Le regard planté au plafond, son futur qui sera (?). En face. Deux pupilles luisantes de mélancolie, fixant les carreaux verts et blanc, espoir et pureté sur un mur. Ne pas pouvoir dire, ne pas pouvoir s’entendre murmurer que c’est du passé, puisque tout est présent, puisque rien n’est terminé. Sa conjugaison n’a qu’un temps, celui du mur, celui des cris, celui qui n’inclut que l’instant. Un coup d’œil au présent, puisque sa vie est là, que tout repose sur ça. Mamzelle Kim fait marche avant, arrière mais tout reste au présent, elle s’y jette, s’y plonge et s’y noie. Petite princesse fait défiler les souvenirs d’un autre,souvenir d’une voix intérieur, souvenir d’un silence, d’une ombre, et elle voudrait crier, elle voudrait oublier… Mais il n’y a que le passé que l’on est susceptible d’oublier.